Oscar, osfs, écrit dans  "Concorde !"

Le journal de la paroisse de Craponne et environs.

 

 

 

NOEL, AU RYTHME DE LA VIE Craponne   décembre  2011  
Chers lecteurs du journal "Concorde", alors que l’éternel et traditionnel chant « Les anges dans nos campagnes » orne déjà ou ornerons bientôt nos fonds musicaux, et que les magasins spécialisés dans la vente des jouets se multiplient et se perfectionnent pour mieux "satisfaire" les attentes de nos enfants dont les esprits sont tournés vers la descente du Père Noël, nous vous proposons une petite réflexion pour mieux vivre spirituellement l’incarnation du Fils qui vient prendre place dans nos vies et dont les attitudes vont perturber nos conceptions humaines. Cet événement de l’incarnation de Dieu en notre humanité qui se manifeste dans le mouvement de Noël à travers ce petit enfant emmailloté et couché dans la mangeoire, nous donne déjà à comprendre qu’il sera le berger. Et c’est certainement la raison pour laquelle qu’il a choisi de naître en cet endroit, dans cette bergerie où il se révèle d’abord aux simples bergers comme Lui. Dans cette scène se réalise un double mouvement : car non seulement Jésus se révèle, mais aussi il est reçu par les bergers chantant la gloire de Dieu. Cela paraît bizarre à l’intelligence humaine qui se laisse aveugler par le souci du pouvoir et de la gloire dans une puissance visiblement attestée. Mais la naissance de l’Emmanuel dans une bergerie veut nous enseigner la manifestation d’une force tranquille qui ne se manifeste que dans la faiblesse et par amour. Le cœur de l’événement de Noël, c’est de nous montrer comment Dieu à travers son Fils s’humilie et vient épouser notre humanité en nous donnant de participer à sa divinité. Et comme le dira la tradition patristique « Dieu s’est fait homme afin que l’homme soit fait Dieu ».

Avec saint François de Sales nous vous proposons de continuer la méditation : « Pourquoi l'Incarnation a-t-elle été faite ? Pour nous enseigner à vivre non plus brutalement comme l'homme avait vécu depuis la chute d'Adam, mais avec et selon la raison. Notre Seigneur vient en effet nous enseigner l'abstinence et sobriété des biens, honneurs et commodités de ce siècle, à fouler aux pieds tout cela pour embrasser le contraire. Avant l'Incarnation les hommes vivaient ainsi que des bêtes brutes *, courant après les dignités et voluptés de cette vie comme les chevaux, chiens et tels autres animaux font après ce qu'ils appètent. Or, le Sauveur s'est incarné pour nous enseigner aussi la sobriété spirituelle, qui consiste en la soustraction et privation volontaire de toutes les choses délectables et agréables qu'il pouvait avoir et recevoir en cette vie ; car il se chargea volontairement et de son plein gré de tous les travaux et tribulations, pauvreté et mépris qui se peuvent endurer en ce monde. O que nous serions heureux si nous lisions bien dans ce livre et que toute notre préoccupation fut d'accomplir la volonté de Dieu par le renoncement et entière abnégation de la nôtre, n'ayant d'autre soin que de l'ajuster à la sienne[1] ! »

Si l’incarnation nous enseigne la pauvreté, l’abandon, le dépouillement, elle nous révèle également la communion que les humains doivent vivre entre eux. Puisque le Sauveur en prenant la nature humaine et en venant habité parmi les hommes visait avant tout un rapprochement d’avec les humains ; et par-là, la promotion de l’unité du genre humain qui doit s’exprimer à travers l’amour, la confiance que nous aurons les uns pour les autres. Autrement dit, Noël c’est l’ouverture, une dynamique relationnelle qui écarte tout repli sur soi, l’enfermement, l’égoïsme. Noël s’inscrit dans un esprit de solidarité, dans un esprit humaniste et nous incite à découvrir en chaque être humain quelque chose de Dieu, quelque chose de nous-mêmes en tant que nous sommes tous créés à l’image et ressemblance de Dieu.

Puisse l’Esprit de Noël ouvrir nos cœurs au souffle de la vie parfaite et nous donner de désirer ce que Dieu désire.

   

[1] - Saint François de Sales, Sermon pour la fête de Noël 1622