Edito n°- 33

Thierry Mollard osfs

 

 

 

N’avoir que de l’amour en soi
et rien d’autre  !

 

OPC : Ordre partiel complet 

 

Obéissance : ça sent le mouton !
Comme si l’obéissance était soumission !
Si obéir consiste à obtempérer s’instaure un rapport hiérarchique !
Si obéir c’est « entendre, écouter » comme le dit la racine même du mot, alors la hiérarchie disparait au profit de la fraternité ! Il n’y a de communications réussies sans l’écoute réciproque !

D’ailleurs la sagesse populaire ne dit-elle pas : « Ces deux-là qu’ils s’entendent bien ! »

Les pharisiens veulent que chacun obéisse parfaitement à la loi de Moïse, ils interpellent Jésus: « Regarde ce que font tes disciples le jour du sabbat, ils mangent des épis arrachés en chemin ! Cela n’est pas permis. » La réponse ne se fait pas attendre : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. »

« L'obéissance a trois conditions :

La première est d'acquiescer à la chose que l'on nous commande et y plier doucement notre volonté, aimant à être commandés ; car ce n'est pas le moyen de nous rendre vrais obéissants que de n'avoir personne qui nous commande, comme de même ce n'est pas le moyen d'être doux que de demeurer seul en un désert.

La seconde est la promptitude, tout le contraire de la paresse ou tristesse spirituelle ; car il arrive rarement qu'une âme triste fasse les choses promptement et diligemment. (...)

L'on ne saurait passer les rivières plus sûrement que dans un navire ou bateau ; aussi nous ne saurions faire le passage de notre vie avec plus de sûreté que par le moyen de l'obéissance.

La troisième est la persévérance ; car il ne suffit pas que l'on agrée le commandement et que, pour quelque espace de temps, on l'exécute, si l'on n'y persévère, puisque c'est cette persévérance qui donne la couronne. Celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé. (Mt 10,22) 24 13

1Co 9 25-27 »     (F de Sales 2ième entretien -2 février 1612)

« Ne savez–vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul reçoit le prix ? Courez de manière à l’obtenir. Tout lutteur s’impose toute espèce d’abstinences ; eux, pour recevoir une couronne corruptible, nous, pour une couronne incorruptible. Moi donc, je cours, mais non pas à l’aventure ; je donne des coups de poing, mais non pour battre l’air. Au contraire, je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur, après avoir prêché aux autres, d’être moi–même disqualifié. » 

Pauvreté : ça sent la mort.

Comme s’il s’agissait de ne rien avoir !

« Il y a une différence entre avoir du poison et être empoisonné : les apothicaires ont presque tous des poisons pour s'en servir en diverses circonstances, mais ils ne sont pas pour cela empoisonnés, parce qu'ils n'ont pas le poison dedans le corps, mais dedans leurs boutiques ; ainsi pouvez-vous avoir des richesses sans en être empoisonné, si vous les avez en votre maison et non pas en votre cœur ! Etre riche en effet et pauvre d'affection c'est le grand bonheur du Chrétien. ( IVD 3ième partie  chapitre XIV)

Autrement dit la pauvreté consiste à n’avoir que de l’amour en soi et rien d’autre !
Le monde, notre monde est dans la course à l’avoir, à l’argent source des tensions, oppositions, exactions qui génèrent injustice et violence.
La pauvreté c’est vouloir renoncer à la course persistante à posséder !
Alors oui, n’avoir à offrir que sa vie même !

Chasteté : ça sent l’extinction des sens !

Comme si la chasteté évoquait la morale sexuelle et ses interdits !
L’Amour fait que l'amant est perpétuellement attentif aux yeux et à la bouche de la chose qu'il aime, et toujours attaché à ses oreilles pour lui parler et mendier des faveurs desquelles il n'est jamais assouvi or, les yeux, les oreilles et la bouche sont les portes de l'âme. François de Sales TAD VI

La chasteté est juste, bonne présence à l’autre, le regard en est la distance ! La chasteté part à la rencontre de l’autre, de toute sa personne, sans s’en arrêter à son corps !

Et dans l’altérité je ne suis ni sous son emprise, ni lui sous mon emprise.

La distance juste pour éviter que notre instinct de domination s’exerce,
c’est le respect de l’autre de son intégrité corporelle, psychique, spirituelle.

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