« Apprends-moi, Esprit du Seigneur, à retourner les événements, à les voir à l'endroit, bien plus positifs que tous les envers et revers. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Quand le Seigneur m'a regardé avec amour et m'a dit : "Suis-moi".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Nous sommes à la croisée des chemins : allons-nous continuer sur la voie de l’individualisme ou allons-nous emprunter celle de la fraternité ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Edito n°- 41
28 avril  2020

Thierry Mollard osfs

" Confinement !" 

 

Confinement. Ce n’était pas le mot en pole position avant la pandémie ! Depuis il s’enorgueillit car on ne cesse de le citer ! Depuis la mi-mars, nul ne pouvait entrevoir une communauté confinée... Aujourd’hui elle l’est et nous vivons en cette communauté !
Le confinement oblige à redessiner les frontières ! Par urgence on a le réflexe de les fermer par ce que confinement veut dire. Le confinement donne l’impression d’être dans une cage à la porte ouverte mais au franchissement impossible !

Pour moi, hier, une communauté confinée, était connoté péjorativement : c’est une communauté qui ne pouvait être que recroquevillée sur elle-même et retranchée pour contenir plus surement les assauts du monde et ne pas se laisser contaminer par un monde auquel elle est pourtant bel et bien envoyée mais auquel il ne faudrait surtout pas se conformer ! Depuis le 17 mars 2020, 67 millions de Français, et bein des millions partout dans le monde, sont passés, à midi, derrière la porte de leur maison ! De l’inédit !

A la veille du mois de mai, nous nous disons que la communauté ne peut qu’être ouverture sur deux mondes indissociables : terre et ciel, l’un perfectible et l’autre persistant!    

Vivre la communauté en ce moment m’a obligé à changer de regard. Facile à dire ! Facile aussi, de rêver aujourd’hui, changer demain !  Mais demain qu’en sera-t-il ? En ce moment ma prière dit : « Apprends-moi, Esprit du Seigneur, à retourner les événements, à les voir à l'endroit, bien plus positifs que tous les envers et revers. » Alors il s’agit de retourner le « confinement » enfermement, comme on retourne un gant, car ce vieux mot recèle un trait autrement plus poétique : "confins". Dans les Savoie, les confins nous transportent vers les hauteurs, vers les lacs de montagne, ils sont « Ushuaia » : terres de feu, à la pointe la plus extrême ! Un but à atteindre !

Le confinement, en tout cas pour le moment, est d’abord brimade commune que nous ne sommes pas près d’oublier, mais que chacun vit à sa manière ! L’événement Covid-19 nous barre l’avenir, nous masque littéralement la vision horizontale, devenue sans confins, sans terre ferme, sans but ! Alors se réfugier dans la vision verticale et s’en contenter en disant « Seigneur, Seigneur, » n’est pas une marche équilibrée ! Naviguer vers quel port ? C’est l’occasion de se reposer la question des finalités de nos vies qui doit correspondre à la question initiale de mon engagement.
 "Souvenez-vous des premiers jours". Le souvenir, le souvenir de la première rencontre, le souvenir de "ma Galilée", quand le Seigneur m'a regardé avec amour et m'a dit : "Suis-moi".»
[Maison Sainte-Marthe 27 avri 2020l, Pape François]

Pour moi le temps présent s’organise non pas selon de savantes combinaisons avec ses dosages et ses retenus et ses compléments ; la journée je la vis en une solitude accrue, tachant de l’accepter sans l’avoir désirée !

J’ai l’impression, que hier chacun semblait sillonner la même haute mer du monde, mais chacun dans sa propre embarcation : petites barques ballottées par le ressac, hors-bord provocant, voilier solitaire ou paquebot de plaisance et complaisance. Ce qui change c’est cette conscience d’être en la même barque, amplifiant nos raisons d’espérer et risquant tout en même temps de multiplier nos peurs et angoisses : tout cela sans assurance de retour à un port de paix, le port d’attache !

Plus que jamais nous sommes confrontés à être ensemble, à agir et ramer ensemble, ensemble cela veut dire à la fois, en même temps, en de mêmes lieux, pour l’immédiat et pour le futur ! L’enjeu consiste alors à dépasser la charité, les commandements ... pour franchement se resituer en solidarité et fraternité !

De fait chacun semble poussé dans sa chambre-forte, en ses retranchements et sécurités, en ses silences ou au contraire chacun est exposé et mal contenu dans une vitrine où l’on devient ultra-sensible et irritable. La fraternité consiste, concrètement à « s’entre porter et s’entre supporter pour l’amour du Seigneur » François de Sales. (Lettre à la Mère de BRÉCHARD, 19 septembre 1616) il s’agit de trouver et ajuster le geste fraternel, de laisser monter en soi à tout moment, la parole qui convient pour qu’il n'y ait pas de communautaire qu’une illusion d'être ensemble.  
            - Ce confinement est l’occasion aussi de revenir sur des propos plus fondamentaux où se mêlent paroles de Dieu et paroles du monde. En congédient les prophètes de malheur et remerciant les prophètes de bonheur qui ont su poser les vraies questions : « Jusques à quand Seigneur ? » Ps 13  « Pourquoi ma blessure est-elle incurable, »  Jérémie 15, 15-21. Pourquoi l’homme intègre et droit qui craignait Dieu est-il ainsi frappé par le mal ? (Jb 31, 3)

Le prophète parle pour...  Il est « porte-parole, » sans faiblir dans l’amour de Dieu, pour son peuple pour « bouger » et relever la tête, pour croire en l’avenir. Il s’agit de porter une attention accrue aux paroles en logorrhée de ce monde déboussolé ! Si de part et d’autre il y a une attitude exacerbée de relecture, d’un côté il y a une attitude de profondeur et de l’autre une attitude de discernement !

En fait nous vivons la « mission » à laquelle on a rajouté un gros mot, lourd de sens et de créativité : « autrement. » Oui la mission autrement !

« Nous voilà embarqués sur la haute mer du monde » Et rien n’a changé me direz-vous !  Si, la mer est là avec ses tempêtes inattendues soudaines, mais tout navigateur sait qu’un jour ou qu’une nuit ce genre de tourmente furieuse déferle ! Nous n’en sommes cependant pas toujours suffisamment préparés. Nous n’avons pas toujours été assez attentifs aux bulletins météo spécialisée, nous avons péchés par orgueil souriant devant un tel ou un tel un peu trop prophète, et donc le rejetant.

Nous sommes à la croisée des chemins : allons-nous continuer sur la voie de l’individualisme ou allons-nous emprunter celle de la fraternité ? Survivre à la crise va nécessiter pour chacun de manifester « cette appartenance commune à laquelle nous ne pouvons nous soustraire » comme le disait le pape François au fait d’être frères.

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